L'endroit où nous avons dormi dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 janvier était exceptionnel ! C'est un terrain « nature » qui longe la plage sur environ 3km. Tout est gratuit, le stationnement et l'approvisionnement en eau potable ! C'est assez surprenant ! Nous y avons rencontré plusieurs couples de retraités, allemands pour la plupart, qui semble s'être installés ici depuis un bon moment déjà... ! L'association qui met ce terrain à disposition œuvre pour la sauvegarde de la nature et plus particulièrement des tortues, qui viennent se reproduire sur cette plage protégée. De plus, comme vous l'avez déjà lu dans l'article précédent, une famille de chiens vit ici. Les parents sont nourris chaque jour par un bénévole de l'association et un numéro de téléphone est affiché afin de les contacter si l'adoption d'un des chiots tenterait les « squatteurs »... Nous sommes tous tombés sous le charme de cette famille et l'envie d'embarquer un des petits dans notre aventure est fortement présente... Mais ce n'est pas raisonnable... alors nous partons, le cœur serré, poursuivre notre chemin !
ChaLu et PiLiz refont quelques kilomètres vers le nord pour acheter des croquettes, tandis que YoDé partent en éclaireur vers le sud pour dénicher un spot sympa.
Nous nous retrouvons sur un parking, au bord de la mer, pour déjeuner ensemble, et la discussion tourne quasiment exclusivement autour de la remorque de PiLiz, Melaneige. Puisque c'est une ancienne voiture, les roues ne sont pas axées comme sur une remorque classique et sont trop éloignées de la flèche... Elle s'affaisse de plus en plus et touche le sol régulièrement... PiLiz ont peur de rouler avec, au risque de la laisser sur la route !
Alors, cet après-midi encore, nous faisons des groupes : LuLizYoDé partent faire des courses et Pilou et Charlotte partent à la recherche d'un atelier qui pourrait soigner Melaneige. Bien que Pilou ait travaillé son vocabulaire pour expliquer son problème, il préfère embarquer Cha, au cas où l'anglais lui poserait souci... !
Blanco et Melaneige sont séparés, et c'est parti ! Nous roulons dans le village pour essayer de trouver notre bonheur... Pilou préfère éviter les garages traditionnels qui lui feront payer la réparation plein pot, alors on cherche plutôt un petit « boui-boui » ! Après plusieurs essais infructueux, nous recevons un appel de Liz et Lucien. Sur la route pour le supermarché, ils ont entrevu un hangar où sont entreposés plusieurs tracteurs... pourraient-ils nous aider ?
Nous nous y rendons directement. Deux hommes discutent dans un bureau, porte ouverte. L'un est en bleu de travail, l'autre est parfaitement habillé. Ils nous font signe d'entrer. Nous expliquons notre souci, dessin à l'appui. Même si leur anglais n'est pas parfait, ils semblent comprendre ce que l'on recherche. L'homme en bleu passe un coup de téléphone, puis les deux hommes discutent en grec. Ils nous demandent d'attendre, sans rien nous expliquer... La situation est assez étrange. Nous sommes coincés, tous les deux, dans ce minuscule bureau, sans trop comprendre ce qu'il se passe... Et pourtant, nous nous sentons plutôt à l'aise et en confiance... ! L'homme en costard s’intéresse à nous, et nous pose quelques questions. Nous lui racontons que nous sommes français, et que nous parcourons l'Europe pendant un an, en camions aménagés. Il réplique, du tac-au-tac, « ah ! Vous ne travaillez pas pendant un an ! Capitalistes, beaucoup d'argent ! ». Nous réfutons sa théorie en rigolant !
Quelques minutes plus tard, l'homme en bleu se lève et nous fait signe de le suivre. Il monte dans son 4x4 tandis que l'autre nous fait comprendre que nous devons le suivre en camion. Nous nous exécutons, puis, sur le chemin, le 4x4 se gare sur la bas côté. Nous pensons qu'il nous demande de passer devant pour l'amener jusqu'à la remorque. Arrivés, il sort son téléphone portable et repasse un coup de fil. Un autre homme arrive alors, et ausculte la remorque. Il dit qu'il peut la réparer, et qu'il faut ré-atteler. Avant de lui obéir, nous nous inquiétons de la contre-partie financière qu'il va exiger. Il annonce 100€, mais Pilou veut s'assurer que ce ne sera pas plus, « not more ! ». L'homme croit alors que nous essayons de négocier et baisse son prix directement à 80€. Une poignée de main plus tard, nous le suivons tout doucement jusqu'à chez lui.
Nous arrivons devant un immense hangar, rempli d'outils. Une demi-douzaine de chiens se promène dans la cour, et une autre demi-douzaine sont attachés le long des clôtures. Trois hommes, à l'allure de mafieux, sont là, ainsi qu'un quatrième, en tenue de travail. Les cinq hommes tournent autour de Melaneige, se glissent en dessous, la soulève avec un palan, sautent sur la flèche pour trouver les points de faiblesse...
On ne comprend pas ce qu'ils se disent mais ils ne semblent pas être tous d'accord ! Les trois mafieux s’éclipsent alors dans une grosse Mercedes, et les deux autres se mettent au travail. La remorque est en l'air, ça fait presque peur ! Le renfort de la flèche constituait la faiblesse principale, alors ils vont en chercher un plus loin, au milieu de la remorque, pour souder une barre en acier. Elle part du milieu de la remorque pour arriver jusqu'au milieu de la flèche et permet donc de la redresser.
La réparation effectuée, nous discutons avec le toubib de Melaneige de ses voyages en Europe. Il nous décrit les Roumains comme étant des voleurs, les Albanais comme étant des mafieux... ! Il est aussi allé en France et en Allemagne... Il semble avoir beaucoup de chose à raconter, mais ne parle pas très bien anglais, et il en est gêné...
LuLizYo et Dé nous retrouvent au hangar et rapportent une bouteille de raki. Nous l'offrons au
réparateur. Il l'accepte avec un grand sourire et nous demande si nous aimons cela. Puisque nous n'en n'avons jamais goûté, il cherche quelques verres pour que l'on partage ensemble cet alcool local, mais n'en trouve pas... il amène alors Liz et Pilou dans le champ voisin ; ils reviennent avec des sacs remplis d'oranges et de citrons ! Pilou lui tend les 80€, mais il n'en prend que 70... et nous souhaite bon voyage !
Après toutes ces aventures, nous nous posons à Romanos, entre la plage et des habitations de vacances désertées. Nous y restons deux nuits, et la pluie accompagne l'orage qui s'abat sur la côte. Cela a le mérite de déchaîner la mer, qui offre de belles vagues... et de rendre Lucien et Yo heureux !
Nous continuons doucement notre route et garons les camions près de Kalamata pour la nuit.
Nous repartons dès le lendemain matin dans le but de visiter Mystras, ce village fantôme conquis par les Byzantins, puis par les Turcs et les Vénitiens. La ville fut entièrement abandonnée en 1832, mais y demeure cependant un ensemble saisissant de ruines médiévales, dans un paysage de montagne d'une grande beauté !
Nous arrivons à destination vers 13h, il fait très beau et les températures sont agréables, alors nous déjeunons dehors. Une voiture ralentit à notre hauteur, puis s'arrête. L'homme baisse sa vitre et nous dit « bonjour ! ». C'est un expatrié qui travaille dans la sécurité civile Fançaise mais... en Grèce ! Il nous dit que le site ferme à 15h, nous conseille sur le sens de la visite, et ajoute qu'il est un peu tard pour découvrir ce site archéologique aujourd'hui, puisqu'il faut environ 2 heures pour profiter pleinement de cette balade ! Il précise que le temps est magnifique mais que cela risque de se gâter sévèrement dès demain... puis il part. Nous allons quand-même jeter un œil à l'entrée du village, mais décidons de ne pas payer, si c'est pour se hâter.
De plus, les prévisions météorologiques n'annoncent rien de bon, et nous sommes en plein cœur des montagnes, alors nous reprenons la route jusqu'à Napflio, au bord de la mer, puisque les températures y sont généralement plus clémentes.
Sur la route, Freud réclame plusieurs fois pour sortir, ce qu'il ne fait jamais habituellement... Connaissant sa fragilité, nous nous doutons que le changement de croquettes, pourtant progressif, produit encore ses effets indésirables... !
Gagné ! La nuit est courte pour ChaLu, et Freud commence une cure de Smecta... ! Pour nous, adultes doués de raison et conscients de l'effet d'un médicament, il est déjà difficile de prendre un Smecta de notre plein gré, alors imaginez pour un chien... une seule solution : dilué au préalable, on met la pâte dans une seringue en plastique, puis on l'enfonce dans la gorge du chien, qui, faut bien l'avouer, n'aime pas trop cela !! Enfin... c'est pour son bien, et celui de notre sommeil !!
Samedi 14 janvier, PiLiz et YoDé vont visiter Mycène, un autre site archéologique. ChaLu, n'ayant pas beaucoup dormi et ne pouvant pas laisser Freud trop longtemps seul, restent à Napflio. Lucien pêche quelques éperlans qu'il relâche, et Charlotte fait du ménage.
Le soir venu, nous nous retrouvons tous les six, au bord du canal de Corinthe. Une jeune chienne vit sur le terrain que nous squattons. Elle est adorable, et joue bien avec nos gros toutous ! Lucien en est fou... la question se posera pendant un long moment (une nuit, Manouille dort même dans le camion), mais nous ne l'emmènerons pas...ce n'est pas raisonnable !
Dimanche 15 janvier, nous profitons d'un robinet de plage encore fonctionnel (l'eau est de plus en plus souvent coupée à cause du gel) pour prendre des douches et remplir les cuves.
Nous nous baladons aussi le long de ce célèbre canal. Cette voie d'eau artificielle, de seulement 24,5m de large a été creusée pour relier la mer Ionienne à la mer Égée, évitant ainsi un détour de plus de 400km aux navires de moins de 8m de tirant d'eau. C'est donc ce canal qui fait du Péloponnèse une île depuis 1893, et c'est assez impressionnant à voir ! Surtout quand vous voyez un énorme bateau passer dans un couloir si étroit !
En ce dimanche, nous rencontrons également Alex, Firmin et Aline. Nous rentrons des pleins d'eau et passons devant eux, qui terminent leur balade le long du canal. Ils viennent à notre rencontre quand ils s’aperçoivent que nous nous garons seulement quelques mètres plus loin. Alex est un jeune architecte, qui a tout plaqué à Nancy pour vivre son rêve de voyage. Il est parti, seul, en camion, pour une durée indéterminée ! Firmin et Aline sont ses parents ; ils ont pris deux semaines de vacances pour rejoindre leur fils et partager son quotidien pour quelques jours !
Nous discutons quelques instants puis nous mettons d'accord pour boire l'apéro ensemble le soir-même.
Vers 18h30, nous voyons l'Iveco (eh oui, on n'a pas tous la chance d'avoir un Merco...;-)) d'Alex se garer tout près de nous. Nous nous installons dehors malgré les températures hivernales. Aucun de nos camions ne peut accueillir 9 personnes... ! Nous passons une excellente soirée, à échanger sur nos choix de vie similaires et nos expériences différentes. Chacun se couche quand le sommeil lui tombe dessus ou que le froid l'a complètement engourdi. Lucien, Pilou et Alex tiendront jusqu'au bout de la nuit, en finissant tout de même chez Gaspard, à cause de la pluie !
Le réveil est un peu raide pour certains en ce lundi matin... Mais le soleil est revenu et nous profitons de ce beau temps pour partir admirer le « blue lake », un magnifique lac bordé de sites archéologiques gratuits, qu'un promeneur germano-grec nous a conseillé. Nous quittons Alex, Firmin et Aline, en espérant nous revoir bientôt !
La journée se partage donc entre balades et pêche en mer, dans une petite crique très mignonne. L'extinction des feux ne tarde pas, et nous dormons à poings fermés sur ce spot qui offre un silence agréable.
Mardi 17 janvier, Yoann et Delphine se sont levés aux aurores pour débuter leur journée par une marche autour du lac. Il est maintenant 10h30 et nous partons, tous ensemble, direction Athènes. Un petit arrêt pour faire les courses et nous atteignons la capitale vers 16h. Nous nous garons à Kalithéa, sur le parking du port qu'Alex nous a conseillé. D'un côté, la route, de l'autre le port. C'est sale, c'est bruyant, et ça semble être le QG des couples illégitimes, des dealers et autres « kékés grecs » venus faire vrombir leurs moteurs ! Ceci dit, l'arrêt de tram n'est qu'à 200m et nous permet d'atteindre de centre d'Athènes sans prendre nos camions !
Liz publie un article, Charlotte fait la vaisselle, Pilou part découvrir le port en vélo, enfin, chacun vaque à ses occupations. Tout à coup, Pilou revient... avec Alex !! Ils se sont croisés sur la digue !! Quelle surprise ! Nous nous attendions bien à nous revoir, mais certainement pas par hasard ! On aurait voulu le faire qu'on n'y serait pas arrivés !
Son camion n'est pas très loin, mais il ne dort pas dedans en ce moment. Firmin et Aline ont pris un petit appart' en AirBnB, alors il profite de ce « luxe » pendant les quelques jours qu'il lui reste à partager avec ses parents !
Firmin et Aline, par le biais d'Alex, nous proposent également de partager ce luxe avec nous... Ils émettent l'idée que nous venions chez eux dès ce soir, pour manger tous ensemble et en profiter pour prendre des douches, faire quelques lessives ou charger nos appareils à batteries. Nous sommes ravis de cette invitation et acceptons avec un grand plaisir !
Nous préparons donc nos sacs, grimpons sur nos vélos et suivons Alex pendant une trentaine de minutes, jusqu'au Pirée, petite ville portuaire de l'agglomération Athénienne.
Après l'effort, le réconfort, comme on dit... Une douche chaude, un sèche-cheveux : un petit bonheur que nous apprécions à sa juste valeur ! Quand tout le monde est propre, on commence l'apéro ! Dans le canapé, les discussions vont bon train, toujours sur le voyage, les camions, nos vies respectives... Mais Firmin et Aline sont en cuisine... et devinez... Liz aussi ! Ils ont beaucoup de choses à se raconter ! En effet, après une carrière de militaire pour Firmin et de secrétaire pour Aline, les deux amoureux de la cuisine Réunionnaise (île d'origine de Firmin) ont décidé de se reconvertir en traiteur ! Alors, de passion commune et de métiers similaires, nos trois cuisiniers resteront cachés dans leur antre pendant toute la durée de l'apéro... Nous n'aurons de leurs échanges que les délicieuses odeurs qui émanent du minuscule labo improvisé de Firmin !
Nous apprenons qu'ils officient à Metz avec beaucoup de succès, et ce soir, nous comprenons pourquoi !! Nous dégustons de l'agneau cuisiné à la Réunionnaise (sauf pour Charlotte qui aura le droit à de petits steaks hachés puisqu'elle n'aime pas l'agneau) accompagné de riz et d'une sauce à la tomate et aux oignons. Nous avons trouvé cela délicieux, mais Firmin affirme que c'est meilleur d'habitude, (et Alex et Aline confirment !) quand il a les produits adéquats... Là, le morceau d'agneau n'était pas celui auquel il s'attendait et le riz n'était pas le bon... Nous imaginons alors parfaitement le succès qu'ils peuvent avoir dans leur métier, et qu'ils méritent ! Pour notre part, nous sommes très heureux d'avoir pu goûter à ce talent, et espérons pouvoir passer par Metz pour en profiter encore une fois !!
Nous nous sentons terriblement bien... une grande tablée, un bon repas, du bon vin, des discussions et des éclats de rire... comme à la maison ! Merci Alex, Merci Firmin, Merci Aline pour ces moments partagés et très appréciés !
Nous quittons cette joyeuse famille vers 1h30 du matin et refaisons le chemin à l'envers, toujours à vélo, pour rejoindre nos camions. Demain, nous visiterons Athènes librement, en couple...