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Monténégro... Albanie...

Lundi 26 décembre. Nous déjeunons sous le soleil Croate pour la dernière fois... Aujourd'hui, nous quittons l'hôtel militaire désaffecté que nous squattons depuis le 22 décembre et prenons la route vers le Monténégro.

Seulement quelques kilomètres nous séparent de cette frontière, mais le Monténégro n'étant pas dans l'Union Européenne et n'étant donc pas inclus dans l'espace de libre circulation des personnes (Espace Schengen), nous nous attendons à un contrôle renforcé... Et nous avions raison de prévoir davantage de temps pour le passage de cette frontière ! Cependant, ce ne sont pas les Monténégrins qui sont les plus regardant... mais bien les Croates ! Rappelez-vous, à l'entrée dans ce pays, nous étions tombé sur un douanier un peu bourru et peu aimable, mais nous n'avions eu aucun problème pour franchir la démarcation slovéno-croate.

Mais pour sortir... ! Peut-être avons nous été victimes d'un certain délit de faciès... dans la tête d'un douanier, l'équation est simple : jeunes + barbes et cheveux longs (quand on peut...!) + camions aménagés = drogues

(« Jean-Pierre, on va se les faire, à tous les coups, ils sont pas clairs, leurs gueules et leurs [Merco], sûr c'est des toxicos »)

Ils ne nous demandent même pas nos papiers... ni permis, ni cartes d'identité, ni passeport, ni assurance... rien !

Ils commencent leur discours en nous disant, dans un anglais assaisonné d'un fort accent « si vous avez de la drogue, il faut nous le dire, votre peine sera moins lourde... ».

(« Mais on vous dit que l'on a rien, ni défonce, ni clandestins »)

Et nous voilà partis pour 1h30 de fouille... Ils n'ont heureusement pas démonté les camions en entier, mais les placards sont passés au peigne fin...

(« Oh Putain, ça y est Jean-Pierre, j'ai trouvé de la cocaïne ! Dans le petit bocal en verre !... Mais non, pauv'con, c'est d'la farine ! »)

Extraits de « Délit de sale gueule », Bob's not dead

N'ayant évidemment rien trouvé, ils nous laissent repartir... le temps de vérifier nos papiers au checkpoint Monténégrin et nous voilà hors de l'Europe et 60€ de hors forfait chacun... Mais bien-sûr !! Nous répétons depuis des jours, dans nos différentes conversations, que nous allons sortir de l'Union, mais nous n'avons jamais penser à nos forfaits téléphoniques !! Et ce sera pareil pour l'Albanie, alors il va falloir se débrouiller sans internet et sans GPS pour les prochains jours !

Nous roulons tout de même jusqu'à Kotor... Les montagnes noires et grises qui encerclent cette petite ville sont assez impressionnantes et nous font comprendre rapidement le nom de ce pays : le Monténégro ! Le centre ville est entouré de fortifications, et semble assez charmant, ce qui attise notre curiosité. Un château semble encore surveiller la cité, perché là-haut sur sa montagne... Certains vont assouvir ce besoin de découverte le soir même en découvrant les petites rues de nuit, et reviendront enchantés.

Mardi 27 décembre.

Le lendemain matin, ChaLu, Liz et Dé retourneront explorer les ruelles tandis que Yo et Pilou s'armeront de courage pour grimper jusqu'au château ! Nous nous retrouvons tous vers 10h30 pour partager un petit déjeuner avant de parcourir les kilomètres qui nous séparent de Kaluderac.

Gaspard est un peu faible en batterie en ce moment, et le soleil ne suffit plus à le recharger... alors nous avons décidé de passer la prochaine nuit dans un camping. Nous en profiterons pour vider les toilettes, remplir les cuves d'eau, prendre des douches et faire quelques lessives si les installations le permettent.

Nous arrivons vers 12h au camping Maslina. La barrière est ouverte mais il n'y a personne à la réception. Nous descendons des véhicules pour voir si les horaires et les tarifs sont affichés, mais nous aurons ces informations de vive-voix puisqu'une vieille femme vient à notre rencontre. Elle parle très peu anglais mais parvient à nous dire que chaque camion sera redevable de 10€/nuit, en comprenant l'électricité. Satisfaits, nous nous installons et nous branchons aussitôt.

Pi et Liz rencontrent une femme plus jeune après le déjeuner qui leur indique une machine à laver située dans un hangar, derrière les sanitaires. C'est une machine à laver de maison, et aucun prix n'est affiché. Tant pis, nous verrons cela demain, au moment de payer, puisque quoi qu'il en soit, il faut bien faire les lessives !

ChaLu et YoDé s'occupent du linge pendant que PiLiz partent faire des courses :

- Il n'y a pas de sèche-linge mais la jeune femme nous a autorisé à étendre dans le hangar, à l'abri. Alors nous tendons des cordes un peu partout et enchaînons les lavages. À 18h30, tout est propre, et on laisse nos affaires étendues pour la nuit.

- La mission course est un peu compliquée. Le Monténégro ne regorge pas de grands magasins. Ce qu'ils appellent supermarché ici ressemble davantage à nos « 8 à huit » et autres « carrefour city ». Pilou et Liz choisissent alors un de ces magasins et tentent le ravitaillement comme ils peuvent. Ils ne trouvent pas tous les produits espérés mais ça suffira pour cette fois. Ils rentrent au camping en nous racontant leurs aventures, assez amusantes ! Chaque employée est vêtue d'une mini-jupe et de cuissardes plutôt provocantes, et bien que cette supérette soit minuscule et peu achalandée, une hôtesse range vos courses dans le caddie, après le passage en caisse, et vous les rapporte jusqu'à votre véhicule... très étrange !

Y aurait-il une prestation supplémentaire pour celui ou celle qui laisserait un « petit plus »... ?

Une journée bien remplie se termine et nous nous endormons, bercés par le bruit du vent qui souffle très fort depuis ce matin (ce qui a eu le mérite de sécher notre linge rapidement!).

Mercredi 28 décembre.

Le lendemain après-midi, douches et vaisselle effectuées, nous nous rendons à la réception pour nous acquitter de notre dette. L'homme qui nous accueille a une trentaine d'année et parle bien anglais. Nous lui expliquons que nous venons pour payer et il nous répond, tout naturellement, « c'est gratuit, vous pouvez partir ! ». Nous lui demandons s'il est sûr de sa décision... Cela nous paraît tellement énorme ! Il nous dit qu'il est absolument sûr, « vous n'êtes restés qu'une nuit et avez pris quelques douches... ». Nous nous regardons, hallucinés, et le remercions à plusieurs reprises.

Il nous souhaite un bon voyage et une bonne continuation pour l'année 2017, et nous ouvre la barrière.

Nous partons donc vers l'Albanie avec tout notre linge propre, les cuves et les batteries pleines et le sourire aux lèvres !

Nous roulons durant plusieurs kilomètres mais décidons de ne pas passer la frontière aujourd'hui. En effet, l'expérience de la sortie de Croatie nous a appris que cette étape peut-être bien plus longue que prévu. De plus, le soleil se couche vers 16h30 et le guide du routard déconseille de rouler de nuit en Albanie parce qu'il n'y a quasiment plus de plaque d'égout... Elles sont souvent volées pour être revendue à la féraille ! Nous nous posons donc en bord de route et affronterons les douaniers Albanais demain matin !

Jeudi 29 décembre.

Nous arrivons à la frontière Albanaise à 11h03 et à 11h15, les trois camions sont passés ! Nous comprendrons par la suite que les Albanais ne peuvent pas faire de zèle avec nos beaux camions, puisqu'ici, tout le monde roule en Mercedes (camions, voitures, charettes !!) !

Les routes albanaises... une aventure !! Elles sont souvent en mauvais état... Il manque parfois des bouches d'égout, d'autres fois c'est un glissement de terrain qui modifie le tracé des lignes blanches...

En plus de ça, il faut partager les infrastructures avec toutes sortes de choses, roulantes ou non... Les voitures, camions, vélos, charrettes empruntent les mêmes autoroutes... Les cyclistes n'ont d'ailleurs pas peur de les remonter en contre-sens...

On croise des vendeurs ambulants sur le bord des routes, d'autres transportant une bonne dizaine de "glouglous géants" sur leurs scooters... Les troupeaux qui broutent restent à leur place, sur le bas-côté... Ils sont presque plus disciplinés que les conducteurs !! Les Albanais au volant sont carrément suicidaires ! A coté d'eux, les italiens sont de vrais enfants de chœurs !

Bref, nous roulons jusqu'à Durrës, et nous garons sur un parking de plage, juste à côté d'un petit bar. Un homme transporte des brouettes de sable pour modifier sa terrasse, certainement en vue d'accueillir les touristes de l'été prochain. Sa femme attend au bar, et l'aide de temps en temps. Nous décidons d'aller boire un coup chez eux, mais n'avons en notre possession que des euros. Alors nous demandons à la dame si elle accepte notre monnaie (ce qui arrive souvent ici), mais ce n'est pas le cas. Elle ne parle pas du tout anglais... mais nous arrivons à nous comprendre et partons à pied vers la ville pour échanger des billets européens contre des billets albanais, les leks (40€ = 5 400 leks!!).

À notre retour, l'homme et la femme ont disparu et le bar est fermé... on ne s'était finalement pas si bien compris ! Dommage, puisqu'une consommation dans cet établissement nous donnait accès à une connexion WiFi... Nous tentons tout de même d'aller frapper à la porte du camping-car installé sur le même parking... et ce sont des Français !

Ils n'ont pas le code WiFi mais, après quelques minutes de discussion, acceptent de venir boire l'apéro avec nous ! Nous voilà donc avec Raphaël, Morgane et leur petite fille, Cassiopée, autour d'une table, dehors par 4°C. Nous partageons nos alcools et nos expériences le temps d'une soirée bien sympathique ! Ils sont saisonniers durant la moitié de l'année et utilisent les 6 mois restant pour voyager ! Ils ont déjà fait les pays scandinaves ainsi que l'Espagne et le Portugal. Cette année, ils partent pour le Sud-Est de l'Europe. Ils ont pris le bateau en Italie et ont débarqué en Albanie. Ils poursuivront par la Grèce et remonteront par les pays que nous venons de descendre ! Beau projet !

Vers minuit et après une bonne soupe, tout le monde commence à avoir sérieusement froid, alors nous nous quittons et chacun rentre dormir au chaud !

Vendredi 30 décembre.

Morgane et Raphaël partent plus tôt que nous. Nous nous disons au-revoir après avoir échanger numéros et adresses de blog. Si vous êtes curieux : campingcar-grece-2017.fr Peut-être nous recroiserons-nous en Grèce ! Sinon, bon voyage les amis et profitez bien !!

Le bar a rouvert ses portes ce matin et nous allons y boire un café. Nous avons donc accès au WiFi et en profitons pour noter tout ce qu'il y a d’intéressant à visiter ou à faire en Albanie. Ceci étant fait, nous nous délectons de quelques sandwiches et partons vers Gjirokastër.

Nous sommes tous un peu fatigués et un peu fainéants ce soir... alors nous allons manger dans le seul restaurant ouvert au bord du lac autour duquel nous nous sommes garés pour la nuit.

Il ne nous reste plus que 3 600 leks, et nous ne sommes pas sûrs que cela suffise pour manger... alors nous nous installons et commandons à boire afin de pouvoir lire la carte et demander au patron s'il accepterait nos euros... Il ne parle pas anglais, lui non plus mais nous fait comprendre que notre monnaie ne le dérange pas.

Nous payons donc notre commande de boissons en euros et demandons au patron si nous pouvons manger. La carte comprenait au moins 20 plats, allant du poisson à la viande grillée, en passant par les légumes.

Mais nous n'avons pas eu le choix... le patron nous montre une ligne en nous disant « chicken. Six ? ». Nous acquiesçons... C'est assez cocasse ! L'homme est très gentil et paraît gêné de ne pas pouvoir communiquer avec nous... est-ce parce qu'il ne sait dire que « chicken » en anglais qu'il ne nous laisse pas le choix, ou est-ce par simplicité de préparation, puisque nous sommes les seuls clients du restaurant ? Peut-être les deux... ! Quoiqu'il en soit, chacun apprécie son assiette !

Le patron vient retirer nos assiettes vides et pose au centre de la table des pommes coupées en quartier ainsi que des clémentines, recouvertes de cannelle et de miel, avec six fourchettes. Nous apprécions ce geste, sans trop savoir si c'est habituel.

À la fin de notre repas, nous donnons nos 3600 leks au patron, ce qui signifie que nous avons mangé pour 28€ à 6... !!!

Samedi 31 décembre.

Nous nous levons et partons visiter Gjirokastër. C'est un petit village, construit sur une montagne, qui promettait de nous faire découvrir des habitations à l'architecture turque. Dans ces maisons, seulement deux pièces sont délimitées : une pour l'hiver, l'autre pour l'été !

Nous n'avons pas pu entrer dans l'une de ces habitations, mais nous avons découvert de vieilles bâtisses, construites en pierres du sol au plafond. Même les toits sont recouverts de plusieurs couches de vieilles pierres, posées comme des ardoises. Nous nous baladons dans les toutes petites rues de Gjirokastër, en nous demandant comment les voitures peuvent circuler ici !

Nous arrivons au sommet du village et découvrons le château, qui est malheureusement fermé aux touristes...

Nous redescendons de la montagne et empruntons les quelques rues commerçantes. Il n'y a aucune enseigne, aucune vitrine n'affiche ses produits... Tout paraît gris et fermé... Et pourtant, nous voyons des gens entrer et sortir des bâtiments, avec des sacs remplis de provisions !

Nous décidons de grignoter quelques spécialités Albanaises lorsque nous croisons un panneau indiquant un minuscule couloir, et promettant bureks, pizza et autres encas. Nous entrons, mais cette fois encore, nous n'aurons pas le choix ! L'homme, très sympathique, nous explique qu'il n'a que des mini-calzones... Nous en commandons trois. Bien qu'elles soient déjà faites, nous restons un petit moment à discuter avec lui. Il est curieux de notre nationalité, de notre présence ici et paraît enthousiasmé par nos réponses. Il nous dit aussi que nous étions trop matinaux pour le château... il n'ouvre que plus tard dans la journée ! Bien qu'il ne soit que 10h, il nous propose un shot de raki chacun... ! Nous refusons à contre-cœur, lui expliquant que nous devons prendre la route... il nous souhaite alors bon voyage et bonne continutation !

Nous entrons dans le bistrot voisin pour déguster nos pizzas. Nous commandons 5 cafés turques (Lucien n'en buvant toujours pas!), et nous ne sommes pas déçus de l'expérience ! Le bar est tout petit, à l'image des autres commerces du village, et quelques hommes jouent aux cartes... Aucun d'eux ne parle anglais mais ils arrêtent leur partie, certainement pour écouter notre langue... ils sont timides et curieux !

Nous buvons ce café, fort et épais, et quittons Gjirokaster. Il est 10h30 et nous nous dirigeons vers le barrage « blue eye ». Nous nous arrêtons en chemin pour déjeuner, entre une rivière et une route. Il fait beau, nous mangeons dehors et roulons encore quelques minutes avant d'atteindre le barrage.

Un homme habite à l'entrée de cet aménagement et vient à notre rencontre. En pleine saison, l'accès est payant mais l'homme dit « free, free », en nous faisant signe d'avancer. Un bel avantage de voyager l'hiver !

Nous nous baladons le long de cette eau transparente. Un des bras de la rivière se détache et l'eau ne poursuit pas son chemin.

Nous découvrons alors un espace circulaire, d'eau tellement bleue que nous comprenons l’appellation « blue eye » !

Nous reprenons la route pour, cette fois, quitter l'Albanie. Nous avions décidé de passer le réveillon du nouvel an en Grèce, avec Cyril, le cousin de ChaLiz. Il est arrivé à Ioannina aujourd'hui, et s'y installe pour 6 mois, dans le cadre d'une mission humanitaire.

Les douaniers albanais vérifient nos papiers et nous demandent d'ouvrir les camions. Un coup d’œil rapide et ChaLu sont passés ! YoDé ouvrent également l'arrière de leur camion, et le douanier demande, spontanément « where is the dog ? », comme si tous les jeunes voyageurs avaient un chien... Ils répondent « no dog » et peuvent partir vers le CheckPoint Grec. Piliz, quant à eux, passent davantage de temps à sortir du pays. Les douaniers s'intéressent de près à la remorque... Ils inspectent l'intérieur et tapent partout sur la carrosserie pour déceler un éventuel creux qui pourraient contenir des « secrets »... ! Les forces de l'ordre leur souhaitent « Bonne Année » et PiLiz comprennent qu'ils peuvent y aller !

Le passage en Grèce est tout aussi court, mais bien plus rigolo !

ChaLu arrivent en premier au CheckPoint. Le douanier voit arriver des Français et nous dit, tout sourire « Bonjour, comment ça va ? ». Nous apprécions cette touche d'intêret et de sympathie !

Lorsqu'il lit nos papiers, il relève la tête et dit « Bonjour, Lucien, Jean-Pierre, Bernard ! », et nous rions ensemble ! Il fait son travail en vérifiant que nous sommes ni clandestins, ni trafiquants, ni recherchés par Interpol... et pendant que la machine scanne nos cartes d'identité, il nous dit, toujours en Français « et mes regrets à François Hollande, parce que, l'élection... », et il finit sa phrase avec le pouce en bas... !!! Cela nous fait beaucoup rire ! Il rit avec nous, puis nous rend nos papiers en nous souhaitant une bonne année. Nous lui retournons nos vœux et nous ralentissons, comme il nous l'a demandé, devant le guichet suivant qui s'occupe des fouilles... L'homme qui y est installé nous fait signe d'avancer, que tout est OK, et nous ouvre la barrière ! Les deux autres camions passent également sans problème, et nous voilà en Grèce !!

C'est idiot, mais la douane est le premier contact que nous avons avec le pays... Jusqu'à présent, même si nous n'avons jamais eu de réel problème, les douaniers étaient tous un peu « bourrus »... Nous ne saurons jamais si c'est un ordre que d'être gentil quand des Français entrent sur leur territoire, ou si c'est parce que nous sommes le 31 décembre et qu'ils ont déjà commencé à festoyer... quoiqu'il en soit, grâce à ce premier contact, nous entrons au pays des vestiges et de la mythologie avec le sourire aux lèvres et l'envie de découvrir ce peuple qui semble accueillant !

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