Ville du nord ouest de l’Espagne, sur la côte Galicienne, A Coruña est particulièrement connue pour sa Torre de Hercules (Tour d’Hercule). Nous nous devions d’aller voir ce monument majeur hérité de l’Empire Romain.
Nous y sommes allés le 8 septembre 2016 et nous n’avons pas été déçus.
Il s’agit du plus vieux phare encore en activité au monde. C’est-à-dire qu’il guide, depuis plus de 2 millénaires, les marins qui font face à cette zone dangereuse de l’Atlantique. Est-ce pour son utilité qu’il est classé depuis 2009 au patrimoine mondial de l’UNESCO, pour sa beauté ou parce qu’il a traversé toute l’histoire de la péninsule ibérique, de l’Empire Romain jusqu’à nos jours, en passant par les invasions barbares et la guerre civile Espagnole ? Certainement pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore.
Son architecture par exemple. Ce phare traduit parfaitement ce que fut l’architecture de l’Empire Romain : utile et agréable. Construite non seulement pour remplir sa fonction de guide maritime, il semble que cette tour permettait également de surveiller la ville, tout en étant un magnifique monument. L’architecte, Caïus Sevius Lupus hisse, au 1er siècle, son édifice sur un rocher de 57m de hauteur, probablement sur un ancien site celtique, la tour de Bréogan. Il choisit une base carrée de 14m de côté pour asseoir le phare d’une hauteur totale de 41m.
Des deux structures antiques, il ne reste que celle intérieure. La rampe qui menait à la lanterne était coincée entre ces deux structures et servait à acheminer le combustible.
C’est ce qu’a voulu rappeler Eustaquio Giannini, cet architecte qui rénova la tour en 1788 avec cette bande ascendante qui parcourt les façades actuelles.
Sur les 59m de hauteur que mesure aujourd’hui le phare, 34m de l’ancien monument sont toujours conservés. La rénovation est également visible par la tour octogonale qui surmonte celle à base carrée puis par une autre petite tour ronde qui accueille désormais la lampe.
Si un jour vous naviguez près des côtes espagnoles, que vous voyez une lumière blanche, perchée à 120m au dessus du niveau de la mer, et qu’elle envoie 4 éclats groupés toutes les 20 secondes, c’est que vous regardez le phare de La Corogne.
Si vous êtes plutôt terrestre, garez-vous sur le parking, en bas de la tour, et n’hésitez pas à débourser les 3€ qui vous permettront d’entrer dans ce gigantesque monument.
Vous commencerez alors par admirer le site archéologique qui se situe sous la plate-forme de la tour. Il propose les vestiges des fondations originales ainsi que des constructions ajoutées au phare.
Il vous faudra ensuite un peu de courage pour gravir les 234 marches pour atteindre le sommet et contempler le panorama de la ville d'un côté et de la mer de l'autre.
Prenez le temps, en montant et en descendant, d’admirer les différentes techniques de construction romaines, et plus contemporaines.
Enfin, sur le parvis de la tour, vous trouverez l’inscription romaine, signée de l’architecte Caio Sevio Lupo, qui, vraisemblablement, dédicace son oeuvre au Dieu Mars.
Prenez aussi quelques minutes pour marcher sur les rochers, aux alentours du phare, pour admirer l'Atlantique qui tape sur la côte, c'est magnifique!
S’il vous reste du temps, et de l’énergie, allez vous balader dans les rues de la vieille ville. Malgré la distance qui la sépare de la Torre de Hercules, elle mérite le détour !
Il s’agit simplement de déambuler et de se perdre dans ses petites rues pavées pour tomber sur de magnifiques églises et bâtiments anciens, de petites places tranquilles, sur quelques musées et autres jardins et châteaux. La vieille ville possède également un grand nombre d’antiquaires et de magasins d’artisanats, pour les amateurs de shopping atypique !
Peut-être aurez-vous l’occasion, au détour d’une ruelle, de tomber sur cette vieille femme qui interpelle les passants du pas de sa porte. Elle est un peu bizarre dans sa robe de chambre… Elle se racle bruyamment le fond de la gorge et crache au sol. Elle vous demandera d’où vous venez… et quand elle apprendra que vous êtes Français, elle vous dira qu’elle a chanté dans des églises, en France, et plus particulièrement en Normandie ! Elle commencera à vous montrer sa belle voix et vous serez impressionnés par son talent, encore intact malgré son âge ! Les voisins passeront et la regarderont de travers… Alors comme nous, vous penserez que cette femme doit être terriblement seule… L’extrait terminé, elle vous laissera entrevoir son intérieur… C’est vieux, sale, et les nombreuses babioles qui s’entassent sur ses meubles se rapportent à la religion. C’est comme si elle restait sur le pas de sa porte pour voir encore la vie qui passe dans la rue, et ne pas se laisser mourir.
Vous lui ferez gentiment vos adieux et vous sentirez qu’elle aimerait vous retenir, encore un peu… Vous partirez quand-même, en vous disant, comme nous, que vous l’avez rendue heureuse, un court instant, simplement en l’écoutant chanter. Un petit bonheur, simple, mais précieux.
Alors, vous poursuivrez votre route et tomberez sur le port de Coruña. Et là, vous devez, pour finir cette visite en beauté, déguster une glace artisanale de chez Puerta Real, littéralement délicieuse, d’après Liz et Lucien, nos amateurs de ces délices sucrés !